À apprendre
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La nuit dernière j’ai profité du peu d’électricité pour travailler un peu, je me suis endormi le matin et en me réveillant j’ai su que rien ne fonctionnait plus. Même les cafés et les restaurants qui avaient des groupes électrogènes avaient peu de lumière et pas d’internet. Le réseau mobile fonctionnait comme si ce n’était que le tout début de cette époque portable, transfrontalière.
Je suis donc retourné chez moi et me suis rendormi. Qu’est-ce que j’ai eu comme rêves ! Depuis un moment déjà ils sont tellement remplis de sujets et d’émotions ! Comme si le cerveau a pu enfin se libérer de ses occupations quotidiennes et des fois inutiles pour ranger un peu le placard des souvenirs.
Je me suis réveillé vers trois heures du matin, plein d’énergie et de forces, toujours dans le noir, mais sans aucune inquiétude à ce sujet. De toute façon, nos ancêtres, ils vivaient bien sans électricité, donc, on peut toujours se débrouiller. Ce qui n’est pas le cas des gens qui suivent le traitement aux hôpitaux, par exemple. Qui sont connectés à des trucs. J’espère que l’on nous coupe le courant au moins à leur profit, ça le vaut bien.
Comme j’ai toujours le gaz, je me suis fait mon café, j’ai réchauffé les pâtes que j’avais préparées hier avant de m’endormir : pas terribles, mais bon. Mes chats, qui vivent dans la cour, ont vite compris que j’étais joignable et ont commencé à réclamer leurs nourritures et câlins, comme tous les jours.
On est bien là dans cette maison que m’a laissée un ami français Frédéric aux premiers jours de la guerre, mais je me demande, comment vont faire les gens qui habitent les immeubles ? Il paraît qu’un immeuble, si jamais il fait moins 5 dehors, se gèle s’il n’y a pas d’électricité pendant plus de 24 heures, ce qui les rend inutilisables.
Mon ordi était déchargé, mais j’ai pu allumer mon portable et quelle chance : le réseau est revenu ! Ça m’a permis de communiquer un peu avec les gens qui ne dormaient pas encore ou déjà, j’ai aussi répondu aux messages qui m’ont retrouvé ayant du réseau, qui ont été envoyés depuis hier après-midi.
Je suis sorti voir mes chats. Il pleuvait un peu, mais il faisait plus chaud, qu’à l’intérieur de la maison. Ils m’aiment bien mes chats. Ils m’accompagnent même jusqu’au magasin qui est à 1 kilomètre. Comme les gardes du corps, tous noirs en plus.
On est resté une bonne demi-heure ensemble, assis à plusieurs sur une chaise, jusqu’à ce que le soleil se lève. Même le rouquin est venu, Patate (Kartochka en russe). Toujours râleur, toujours indépendant, mais toujours revenant me rendre sa petite visite quotidienne sans oublier de profiter de l’heure du petit-déjeuner.
Je l’ai adopté ce rouquin au tout début de la guerre. Une Odessite, partie et restée en France me l’a confié. Il a vite compris qu’il n’aimait pas les autres chats, étant toujours fils unique, et il a quitté la maison pour vivre dehors ou chez les voisins, en fonction de son humeur. Indépendant, mais fidèle, il ne m’oublie pas.
J’en ai un autre d’adopté. Le chat de la directrice de l’Alliance Française à Odessa. Myche il s’appelle, souris en français. Comme c’était amusant de voir son progrès pour devenir un chat indépendant, lui aussi ! Au début, il arrivait à peine à passer sous la barrière comme les autres chats. Il avait peur de monter jusqu’à la terrasse et d’en descendre par un arbre.
Un jour il a appris à aller depuis la terrasse jusqu’à la fenêtre de ma chambre à coucher. Après il faisait des allers-retours pendant toute la journée, tout fier de lui. Maintenant, dès qu’il me voit, il fait exprès la démonstration d’une acrobatie impossible de vitesse en grimpant, toujours fier de lui, sur les arbres.
Étonnant leur vie. J’aime bien observer. Chez les chats, il n’y a pas de guerres. Il n’y a que la joie de vivre, la joie de découvrir, d’apprendre, de rester toujours soi-même et de jamais devenir hypocrite. Il y a des choses à apprendre pour nous, les soi-disant humains. Mais c’est déjà le matin bien profond, bien installé. Il est temps de partir à la recherche du courant perdu. J’ai quand même quelques projets en cours, qu’il faut terminer et lancer. Ce n’est que maintenant que j’ai commencé à apprécier vraiment et à fond le plaisir du travail. Surtout accompli.
C’est parti.
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- Bonjour Artem Je t'ai entendu ce matin à la radio belge (La Première) parler de Noël en Ukraine, et la journaliste a dit quelques mots sur ton projet de groupe électrogène. Et maintenant je découvre ton blog...et tes chats! Oui, "Chez les chats, il n’y a pas de guerres. Il n’y a que la joie de vivre, la joie de découvrir, d’apprendre, de rester toujours soi-même et de jamais devenir hypocrite. " Magnifique. Magnifiques pensées, magnifique résistance. Je vais parler de toi autour de moi. A bientôt. GigiArticle suivant →Le début de la collection28 novembre 2022J'en avais d'autres, mais en russie : ce n'est plus récupérable, donc tout à nouveau. Merci à David Ed Carbonell pour ce beau cadeau de Paris...← Article précédentLe repos imposé19 novembre 2022Aujourd'hui je ne voulais pas me réveiller. Mais pas à cause de l'absence de l'électricité ou un autre problème quelconque...