Artem SAVART
Un Russe en Ukraine

Le début de l’année

Les fêtes sont passées. On pourrait peut-être penser que c’est bête et anormal de dire ça, mais je vous le dis, on est gâté.

On s’est tellement habitué aux coupures incessantes d’électricité et aux bombardements, que plusieurs jours de suite sans aucune coupure ont été considérés comme un vrai cadeau. Et le premier et le deux janvier, il faisait tellement chaud, qu’on dirait un printemps. Les gens se réunissaient dès le matin au bord de la mer, ils étaient heureux de survivre jusque-là, tout en gardant l’espoir pour le futur.

Même si c’est la guerre, on a quand même le droit d’espérer un peu, en appréciant son petit café bien chaud, dans une veste plutôt légère, le premier janvier de l’année 2023 qui s’annonce pour beaucoup d’Ukrainiens, l’année de la victoire.

On y croit de tout cœur. On comprend très bien la stratégie malhonnête des messieurs du Kremlin, qui vont encore mobiliser des milliers de Russes, les envoyer crever littéralement en Ukraine, en prenant bien sûr les vies des Ukrainiens : soldats, civils, hommes, femmes, grands, petits, tous.

Faire durer tous ces crimes le plus longtemps possible, juste pour pouvoir rester au pouvoir. Juste pour ne pas répondre des crimes déjà commis. Juste pour voir si l’Europe est fatiguée un jour de cette guerre, si les Ukrainiens le sont aussi et si on peut trouver un accord qui les sauverait de prison. Mais il n’y en a pas d’accord, on le sait.

Quand on se dit d’aller jusqu’au dernier centimètre de la terre ukrainienne, envahie mais bientôt libérée, on ne parle pas du terrain, on parle de la vie des gens qui est impossible sous l’occupation russe. Perdre la liberté, ce n’est pas acceptable. Les russes l’ont bien perdu, ceux qui ne se sont pas enfuis et qui bientôt ne le pourront plus à cause des frontières verrouillées.

J’aimerais bien me tromper, mais je vois que la Russie devient une prison. Il est revenu le monstre soviétique, il tape à la porte, il porte son costume démodé, mais tout sûr et tout fier de lui il va encore pourrir la vie du monde entier, et pendant un bon bout de temps, si on ne l’arrête pas cette fois définitivement. Et tant qu’il n’est pas arrêté, les bombardements vont continuer et les gens vont mourir, bien entendu.

Le soir du 31 décembre on a eu une alerte qui n’était enlevée que le 1 janvier vers 2 heures du matin à peu près. Donc, on peut dire qu’on est entré en 2023 avec les missiles à la place des feux d’artifice. Ça marque. Voilà la triste vérité.

À minuit toute l’Ukraine était devant les écrans pour écouter le président. On savait très bien ce qu’il allait dire, on le pensait tous. Mais on voulait surtout, je pense, se payer le plaisir de le prononcer par un président qui sait parler correctement, qui est vrai, humble, humain, dont on est fier.

Moi je ne pleure plus mais beaucoup de gens ont pleuré en l’écoutant. Et il y a eu de quoi. On s’adapte, on oublie vite pour mieux garder le moral, mais il était important de se souvenir encore une fois de ce que l’on a vécu tous pendant cette année 2022, qui est terminée, mais qui a laissé beaucoup de traces incorrigibles et de blessures non cicatrisées qui vont encore faire mal après des années.

La vie normale reprendra un jour. On aura même à nouveau des relations diplomatiques, je pense, avec nos voisins, on ne pourra pas faire autrement, on l’a bien vu dans l’histoire, mais ça va demander beaucoup de pardons, de générosité et de grâce, dans tous les sens. Et du temps surtout.

Moi, je voudrais vous remercier tous pour l’aide que vous m’avez apportée en soutenant ma mission Électricité avant la fin de l’année. Grâce à votre participation j’ai déjà pu commencer les travaux dans le premier endroit public autonome en énergie et connexion pour que les gens puissent y travailler malgré les coupures, qui recommencent. Le printemps, il n’a duré que deux jours, le froid réinstallé demande plus d’électricité pour chauffer, et on n’en a pas beaucoup.

Surtout, quand nos voisins vont encore viser l’infrastructure, ce qui est certain, ça fait partie de leur stratégie, si on peut bien sûr oser réunir leurs actions par ce mot : stratégie. Donc, des endroits comme ça, on en aura besoin pendant un bon bout de temps encore, et une fois le premier est ouvert, ce qui aura lieu, j’espère, avant la fin du mois de janvier, je vais essayer d’en ouvrir d’autres.

Le premier ne pourra placer qu’une quinzaine de personnes en même temps, le deuxième, je vais essayer d’en mettre au moins 50. J’ai déjà compris comment diminuer tous les frais. Je me suis aussi promené dans la ville récemment, il est triste de voir, bien sûr, combien d’espaces sont à louer depuis des mois, mais de l’autre côté, ça pourrait justement servir à cette mission-là.

Plus de gens pourront travailler, nourrir leurs familles, apporter de l’argent à leur pays en guerre malgré les coupures. Ça vaut la peine de s’en occuper. Vous trouverez les détails dans ce blog.

Abonnez-vous, participez, si vous le pouvez, et moi de ma part je partagerai avec vous pendant ce mois de janvier les avancés et les résultats de cette mission.

Le réseau de ces endroits va s’appeler d’ailleurs, La Résistance. Le logo, qui est venu tout seul, vous pouvez déjà le voir sur mon blog, avec également quelques photos des travaux. Et c’est vrai qu’on résiste. Et on va résister encore plus. Le temps qu’il faudra.

Merci pour votre soutien, merci d’être avec nous et surtout prenez soin de vous. Profitez de votre vie, qui est unique, comme chaque autre vie. 

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