Merci et joyeux Noël
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On tient le coup, bien sûr. J’ai l’impression que l’on est tous devenus beaucoup plus calmes, beaucoup plus patients. Les choses, qui pouvaient énerver ou stresser un habitant de l’Ukraine auparavant, maintenant on n’y fait même pas attention.
On a bien compris que ce qui compte vraiment, surtout pendant la guerre, ce sont les gens qui vous entourent. Vos amis, votre famille, ceux avec qui vous avez pu résister jusqu’à maintenant. On ne se fait plus d’illusions, on ne se préoccupe plus des choses inutiles, on préfère juste rester ensemble. Passer ces instants des fêtes quand-même précieux de fin d’année au milieu des gens qui vous apprécient et que vous appréciez.
On ne se fait pas énormément de cadeaux, comme on le faisait avant, mais on s’attend quand-même et malheureusement aux cadeaux non voulus, que nos voisins pourraient nous envoyer. Aujourd’hui, on m’a dit : 8 morts à Kherson, à cause d’un missile. Un missile de Noël, imaginez-le bien. Ils aiment bien les dates, ces monstres, comme ils aiment tuer les gens, surtout des civils.
Moi, je me suis réveillé samedi juste après mon passage à la radio et c’est grâce à vous, que dès le matin j’ai eu ce sentiment si précieux et si inattendu de se retrouver dans un compte de fées. Les messages, que vous m’avez envoyé, vos dons pour ma mission « Électricité », votre attention et votre soutien, m’ont touché droit au cœur. Et même que je n’ai pas encore récolté toute la somme nécessaire pour ouvrir le premier centre publique autonome en énergie et connexion, j’ai compris que je vais réussir et assez vite. Et le jour même je suis allé revisiter l’endroit prévu pour l’examiner de plus près.
Je peux vous dire, qu’il est parfait, et je ferai tout mon possible pour l’ouvrir au plus vite et y mettre au moins 15 personnes qui pourront exercer leur métier à distance, nourrir leurs familles, apporter de l’argent à leur pays en guerre, faire de l’humanitaire, comme nous le faisons tous ici. Et tout ça, désormais, malgré les coupures, parce que l’on sera autonome. Et je sais déjà, que je ne vais pas m’arrêter et je vais en ouvrir d’autres ensuite, ce qui permettra à encore plus de gens de revenir à leur travail.
Après avoir visité cet endroit, j’ai pu voir mon ami français David Ed Carbonell, le fameux boulanger d’Odessa, comme on l’appelle dans les médias, qui est resté malgré la guerre et qui fait tout son possible pour aider les Ukrainiens et l’Ukraine, son pays d’adoption, comme il dit. Je suis fier de l’avoir rencontré, encore par hasard au tout début de la guerre. Je suis heureux d’avoir pu être utile selon mes moyens et mes connaissances pour ses missions humanitaires, qu’il continue toujours.
Il en a amené des camions. Surtout à Mykolaïv, la ville, qui a protégé pendant des mois Odessa, voir l’Europe, parce que si jamais ils auraient réussi à prendre Odessa, ils ne s’arrêteraient pas, les russes. La guerre, c’est une chose, qui ne se contente jamais et a tendance à se répandre, si elle n’est pas arrêté par force.
On a mangé, on s’est permit une bouteille du vin blanc, on a parlé, on a rigolé quand-même, on a passé un merveilleux moment de la soirée du réveillon. Et une fois rentré j’ai continué à m’occuper de ma mission : faire des calculs, se décider pour le moindre détail. Je suis sûr, qu’on va y arriver et j’ai hâte de vous en montrer le résultat.
Voilà, je vous en dis pas plus pour aujourd’hui à propos de ça, je donnerai mes nouvelles très bientôt, avant le 31 décembre, je l’espère.
Je termine cette nuit miraculeuse de Noël en écoutant les chansons de Jacques Brel. La personne, que j’apprécie énormément depuis que j’apprends la langue française. Je ne suis allé à Bruxelles qu’une seule fois il y a des années et la chose qui s’est gravé le plus dans ma mémoire, c’est une visite guidée avec des écouteurs, proposé par le musée de Jacques Brel.
J’ai été impressionné à tel point que ça me fait chaud au cœur après des années. Je dirais même, que malgré que je suis bloqué pour un bon bout de temps, je pense, à cause de mes papiers, voir leur absence, le souvenir de cette promenade dans la ville de Bruxelles, suivant les lieux du Grand Jacques, me fait voyager quand-même.
Et je suis heureux de pouvoir vous dire, qu’il aurait été fier de vous tous. Je tiens à vous remercier encore une fois de votre générosité, de votre soutien inestimable et à vous souhaiter un joyeux Noël. Profitez de chaque instant de votre vie. Quoi qu’il vous arrive, sachez, que tout s’arrange. Ayez confiance en vous. Écoutez votre cœur, qui a toujours raison, comme l’a fait Jacques Brel à ses débuts. Et surtout, soyez heureux. Vous en avez le droit qui vous est donné avec votre vie, qui est unique, comme chaque autre vie.
Joyeux Noël.
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