Pilotes de drones : les yeux de l’armée ukrainienne
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Quand les russes ont attaqué l’Ukraine, ils ont dû oublier à qui ils avaient affaire. Depuis les temps des cosaques les ukrainiens ont toujours été créatifs.
Cette créativité pendant la période de paix se manifestait dans la technologie. Regardez seulement le nombre des startups à succès, mondialement connus, fondés par les Ukrainiens. Et je ne parle même pas du nombre de développeurs ukrainiens qui sont embauché par le monde entier.
En Ukraine, vous le sentez dans l’air, ce besoin d’innover, de créer quelque chose de nouveau, d’utile, d’efficace, surtout quand il y a des obstacles. Au lieu de baisser les bras, de créer quelque chose qui facilite ou qui sauve même la vie. Et justement, pour les ukrainiens une vie ce n’est pas rien, ils ne peuvent pas se permettre, comme le font les russes pendant cette guerre, de gaspiller les vies, de se servir des soldats comme d’une chaire à canon. Donc ils se servent d’abord des technologies.
Les drones notamment, même les plus domestique, ils les ont apprivoisé à tel point, que c’est devenu un mouvement nationale. Il y a eu même un garçon de douze ans qui au tout début de la guerre a repéré grâce à son drone, une colonne des russes, qui était sensé d’envahir Kiev, ce qui a permis de les arrêter à temps. Rien qu’avec un simple drone, on peut sauver des vies et mêmes des villes entières.
Donc tout le monde s’y met, surtout quand on ne peut pas avoir des avions qu’ils nous faut pour mettre fin à cette guerre au plus vite. Cette décision purement politique de ne pas les donner, nous coûte des vies, et pour diminuer les pertes, on se sert de plus en plus de ce moyen de bord, dépolitisé en Ukraine, qui est devenu maintenant, après 15 mois, un des plus grands avantages des Ukrainiens dans cette guerre. Rien qu’avec un drone de 400-500 euro on peut détruire un char qui coûte des millions, et qui est un danger pour les civils, aussi bien que pour les militaires.
Il faut suivre une formation de quelques semaines bien sûr, tout le monde n’est pas admis, il n’est pas si simple de pouvoir piloter un drone, surtout sur le champ de bataille. Et il y a bien des drones qui coûtent 50 000 euros, 300 000 euros. Mais si grâce à ce petit machin on a pu sauver une seule vie, il s’est déjà rentabilisé, peu importe le prix. Des fois on s’en sert même pour livrer des médicaments pour un militaire blessé, qu’on ne peut pas approcher à cause du danger.
Mais les drones, ce sont avant tout les yeux de l’armée Ukrainienne et bien sûr, les pilotes de drones sont souvent le but numéro 1 pour les russes. Des fois ils envoient des dizaines de missiles rien que pour éliminer un pilote de drone. C’est pour ça qu’on doit faire tout notre possible pour équiper ces pilotes de tout ce qu’il leur faut pour non seulement exercer leur métier, nous rapprocher de cette paix si attendue par le monde entier, mais aussi et surtout, revenir vivant du front.
Et des fois ils sont obligés de laisser tout leur équipement pour pouvoir sauver leur vie, c’est pour ça que les voitures par exemple, sur le champ de bataille, c’est comme un billet un ticket de bus pour nous, les civils, à telle point la vie d’une voiture militaire est courte et on doit à chaque fois récolter à nouveau de l’argent, centime par centime, pour pouvoir les rééquiper, espérant de ne pas recevoir un jour un texto « plus besoin, ils ne sont plus, aidez quelqu’un d’autre ». Et on le fera, parce qu’il n’y a rien de plus précieux dans ce monde, qu’une vie humaine, surtout quand il s’agit d’un proche. L’argent, les drones, l’équipement, les voitures, les maisons. On peut tout reconstruire, tout refaire, se refaire, mais on ne peut pas ressusciter les gens.
De l’autre côté, bien sûr les pilotes de drones sont instruits de telle façon qu’il savent très bien comment non seulement accomplir une mission, mais aussi le faire revenir ce drone, ne pas être repéré si possible, et l’atterrir. Parce qu’il savent à quel point il est difficile de retrouver à nouveau tout ce qui est nécessaire. Malgré toute l’aide des pays européen, on se retrouve toujours dans le manque. Pendant une guerre, si on n’est pas réunis à 100%, on le paie avec le sang.
Même si on arrive à récolter l’argent qu’il faut pour tout acheter, ce qui n’est jamais facile et prend du temps, il faut aussi du temps pour effectuer une livraison, et on n’a pas ce temps-là. Chaque minute est précieuse.
Je l’ai bien senti, quand on m’a annoncé que mon ami Nikolaï allait devenir pilote de drone. Il a suivi plusieurs semaines d’entraînement, mais on n’a toujours pas pu acheter tout ce qu’il leur faut pour être à 100% efficace et mieux éviter les risques. Il leur manque surtout une voiture, dont ils auront besoin pour pouvoir changer de position une fois le drone est lancé, pour ne pas recevoir un cadeau mortel en retour lors de leurs missions de reconnaissance.
Il est déjà parti au front lui, il garde le moral, il dit pas grand chose, tout est en secret, il communique seulement et rarement avec sa femme. Imaginez à quel point elle s’inquiète pour lui, elle, si nous on s’inquiète au point de ne plus pouvoir dormir et manger correctement. Lui par contre il est content. Il est tout gai, tout moderne comme il est, de pouvoir se servir de son intelligence et de ces technologies actuelles pour nous protéger tous : son équipe, sa famille, ses amis, son pays.
Moi j’ajouterai, même si cela ne saut pas aux yeux, qu’il protège aussi l’Europe, parce qu’une guerre ne se contente jamais, si on la laisse aller plus loin, si on ne l’arrête pas. Et eux, les pilotes de drones, étant les yeux de l’armée ukrainienne, permettent en ce moment-là, pendant que vous écoutez ce message, de la neutraliser avec le peu qu’ils ont, avec beaucoup d’improvisation et de courage, et de manière très efficace.
Gloire à eux.
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