Un russe en Ukraine
Le blog d'Artem SAVART

Cinq cents jours

Ça se fête, non ? 500 jours incessants de vie en pause, de vie en mort, de mort vivante, qui est là derrière le comptoir et crie "au suivant"

Pour enregistrer tranquillement votre nom, prénom, âge, sexe, ce que vous avez fait dans la vie, ce que vous alliez faire et ne ferez plus, car vous faites déjà la queue.

Certains arrivent à s’enfuir pour un instant de plus, les autres les regardent d’un air compréhensif et un peu indifférent : on sait que tous nous passerons devant ce comptoir, tôt ou tard, petit ou grand, homme ou femme. En regardant cette queue on aurait pu se demander : à quoi bon tout ce qu’il y a eu avant ? Mais à quoi bon se le demander, toute réponse serait la bonne.

Quoi qu’on se trouve comme excuse pour ne pas y aller de suite, on aura raison. Parce que devant ce comptoir, tous sont égaux, personne ne vous juge plus. Même celle qui est derrière. Elle ne fait que noter. Elle ne juge pas, elle compte.

En attendant, doit-on se prendre la tête pour quoique ce soit ? Doit-on souffrir à gauche et à droite ? Se plaindre ? Faire des choix, qui ne sont pas les nôtres pour éviter les jugements des autres ? Alors que devant se comptoir on est seul. Doit-on s’étonner de la violence qui entre soudainement dans notre vie sans demander la permission ? Avoir peur du futur qui est pourtant bien défini ? Doit-on s’attendre à quelque chose de bien ou de mal ? On n’a pas de futur, si on regarde de plus près.

On n’a que cet instant-là. Tout ce qui est techniquement possible peut nous arriver, sans parler de l’impossible (selon nous). Pas la peine de s’inquiéter.

Je doute, que quelqu’un puisse vous dire ce qui nous attend vraiment derrière ce comptoir. S’il le dit, il ment, parce qu’il ne sait pas. On cherche tous, étant curieux pour notre futur, mais on ne peut pas le savoir, calmons-nous.

Mais si on est là, tant qu’on est là, on peut faire des choix. Aimer – c’est un choix. Rester libre – c’est un choix. Rester humain – c’est un choix. S’amuser au lieu de s’inquiéter – c’est un choix. Apprécier au lieu de se plaindre – c’est un choix. On est libre de choisir ce qu’on veut, malgré notre passé incorrigible, malgré notre futur inexistant. On peut choisir là, à l’instant, tant qu’on est toujours là.

Choisissons bien.

Choisissons bien pour nous.

Parce que les autres…

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